Librairie Pierre Saunier

Œuvres Posthumes. Notice de Remy de Gourmont. Portrait de l’auteur gravé à l’eau-forte par LauzetŒuvres Posthumes. Notice de Remy de Gourmont. Portrait de l’auteur gravé à l’eau-forte par Lauzet Œuvres Posthumes. Notice de Remy de Gourmont. Portrait de l’auteur gravé à l’eau-forte par LauzetŒuvres Posthumes. Notice de Remy de Gourmont. Portrait de l’auteur gravé à l’eau-forte par Lauzet Œuvres Posthumes. Notice de Remy de Gourmont. Portrait de l’auteur gravé à l’eau-forte par LauzetŒuvres Posthumes. Notice de Remy de Gourmont. Portrait de l’auteur gravé à l’eau-forte par Lauzet Œuvres Posthumes. Notice de Remy de Gourmont. Portrait de l’auteur gravé à l’eau-forte par LauzetŒuvres Posthumes. Notice de Remy de Gourmont. Portrait de l’auteur gravé à l’eau-forte par Lauzet Œuvres Posthumes. Notice de Remy de Gourmont. Portrait de l’auteur gravé à l’eau-forte par LauzetŒuvres Posthumes. Notice de Remy de Gourmont. Portrait de l’auteur gravé à l’eau-forte par Lauzet Œuvres Posthumes. Notice de Remy de Gourmont. Portrait de l’auteur gravé à l’eau-forte par LauzetŒuvres Posthumes. Notice de Remy de Gourmont. Portrait de l’auteur gravé à l’eau-forte par Lauzet Œuvres Posthumes. Notice de Remy de Gourmont. Portrait de l’auteur gravé à l’eau-forte par LauzetŒuvres Posthumes. Notice de Remy de Gourmont. Portrait de l’auteur gravé à l’eau-forte par Lauzet

Aurier (Gabriel-Albert).
Œuvres Posthumes. Notice de Remy de Gourmont. Portrait de l’auteur gravé à l’eau-forte par Lauzet. Dessins et croquis de G.-Albert Aurier, Vincent van Gogh, Paul Sérusier, Émile Bernard, Jeanne Jacquemin, Paul Vogler.

Paris, Mercure de France, 1893 ; fort in-8, bradel demi-vélin crème, tête or, non rogné, couverture et dos conservés (reliure d'époque). XXXI pp., 1 f. n. ch. (portrait), 480 pp.

Livre vendu

Édition originale tirée à 259 exemplaires seulement.

Un des 10 exemplaires sur Japon impérial.

Premier papier du tirage de tête, contenant, hors texte, le portrait à l’eau-forte de G.-Albert Aurier, en trois états (Hollande, Japon, Chine), et deux lithographies d’Eugène Carrière et Henry de Groux, chacune en trois états également (lithographies qui ne figurent pas dans les 209 exemplaires du tirage courant).

L’ouvrage contient un choix de poèmes, un mélange de proses, quelques actes de théâtre, des dessins, des ébauches, un roman, Ailleurs, ainsi que les principaux et remarquables articles de critique d’art qui firent la réputation d’Aurier.

Poète et peintre à ses heures, intéressé par la littérature et la peinture nouvelles, Aurier ouvrit les colonnes du Moderniste illustré (revue qu’il fonda et dirigea en 1889), à Émile Bernard et à Paul Gauguin dont il avait découvert avec enthousiasme les œuvres lors d’un séjour, en 1887, à Saint-Enogat et à Saint-Briac. Il encouragea ses lecteurs à voir la première exposition de peinture du Groupe impressionniste et synthétiste, comme il baptisa lui-même le groupe, au café Volpini. Mais c’est avec le tout premier article consacré à Van Gogh, jusque-là inconnu, qu’Aurier se fit remarquer, en janvier 1890. L’article parut dans la première livraison du Mercure de France dont il fut un des membres fondateurs et où il tînt avec éclat la partie artistique, examinant les œuvres des peintres à la lumière de conceptions aussi nouvelles que personnelles, distinguant avec clairvoyance l’originalité de chacun – tu verras comme ce littérateur raisonne sur une pointe d’aiguille (Pissarro à son fils Lucien) –, poursuivant sa série des Isolés par des études sur Henry de Groux, Eugène Carrière, Henner, publiant des articles sur Raffaëlli, Émile Bernard, Monet, Renoir, Vogler, etc.

La Revue indépendante adopta également ce jeune maître de l’avant-garde artistique et publia ses articles sur Pissaro, Meissonier, les Aquarellistes et notamment Le symbolisme en peinture, Paul Gauguin. Une étude importante dans laquelle Aurier esquisse sa théorie du « Symbolisme pictural », où il oppose à l’impressionnisme, fidèle traduction sans nul au-delà d’une impression exclusivement sensorielle, l’art dont Gauguin lui semble l’initiateur et dans lequel les objets n’ont de valeur que comme signes, éléments d’un immense alphabet nécessaire pour créer l’œuvre d’art qui doit être « idéiste », « symboliste », « synthétique », « subjective » et « décorative ».

Indissociables de ses préoccupations d’esthète, les aspirations littéraires d’Aurier semblent procéder du même souci d’orienter la littérature et le théâtre dans la voie de l’art synthétique et idéaliste, une littérature idéiste qui ne considérerait les formes matérielles que comme les lettres d’un mystérieux alphabet naturel servant à écrire les idées, seules importantes, puisque l’art n’est qu’une matérialisation spontanée et harmonieuse des idées… (Huret, Enquête). Le mystérieux, magnifique et rare alphabet des formes de rêve, en réaction à une littérature immédiate spécifique aux petits hollandais de Médan. L’idéal, n’est-ce pas la matière objective ?

 En dépit de la ronronnante et tardive spéculation destinée, via Huret, à satisfaire l’appétit des abonnés du Figaro, Aurier paraît bien moins symboliste dans son œuvre qu’il ne le fut, résolument, dans ses écrits sur l’art. Ironique et sensible, partagé entre le vouloir d’être sérieux et l’amusement de ne pas l’être (Gourmont), il aura mêlé de tout pour composer son propre alphabet : fumisme et pessimisme – chers à la décadence avec laquelle il ne rompit jamais réellement depuis sa collaboration avec la feuille de Baju, en 1886 –, verve rabelaisienne, fantaisie, cocasserie, caricature, parodie et même une dose de naturalisme un rien titillé plus haut. Mais on ajouterait des associations de genre encore plus saugrenues qu’on n’aurait pas encore notre portrait idoine.

Emporté par une fièvre typhoïde en octobre 1892, à l’âge de 27 ans, sa mort est largement déplorée tant dans les milieux littéraires qu’artistiques : Ce pauvre Aurier est mort – écrit Gauguin à Monfreid – Nous avons décidément de la déveine, Van Gogh, puis Aurier, le seul critique qui nous comprenait bien et qui un jour nous aurait été bien utile. Quant au Mercure de France, il ne lui retrouva jamais de successeur digne de ce nom.

Après Les Litanies de la Rose et Le Latin mystique de Remy de Gourmont, Œuvres Posthumes est le troisième livre publié, en souscription, par la jeune maison. 

Bel exemplaire.