Librairie Pierre Saunier

Cravates de ChanvreCravates de Chanvre Cravates de ChanvreCravates de Chanvre Cravates de ChanvreCravates de Chanvre

Reverdy (Pierre).
Cravates de Chanvre. Illustré d’eaux-fortes par Pablo Picasso.

Paris, Éditions Nord-Sud, 1922 ; in-8, broché. 24 ff. n. ch. non comprise l’eau-forte de Picasso en frontispice.

Livre vendu

Édition originale tirée à 120 exemplaires.

Un des 90 exemplaires sur vélin fort comportant le frontispice à l’eau-forte de Picasso – seuls les 15 Japon et 15 Hollande ont des eaux-fortes supplémentaires (d’où la mention sur la couverture).

Bel envoi a. s. : A mon cher Alain Cuny, ces Cravates de Chanvre moins angoissantes que celle qui lui étreint la gorge mais je ne les lui donne que pour l’eau-forte. Avec mon amitié. Pierre Reverdy.

C’est par l’intermédiaire de Pierre Reverdy qu’Alain Cuny (1908-1994), attiré par le surréalisme, rencontre Pablo Picasso alors qu’il a quitté les Beaux-Arts de Paris et s’est lancé dans une carrière de décorateur (il signe les décors de Feu Mathias Pascal de Marcel L’Herbier, de Gribiche de Jacques Feyder, des Aventures de Robert Macaire d’Epstein ou, en 1925, de La rue sans joie de Pabst).

Alain Cuny abandonnera son premier métier pour devenir le comédien que l’on sait – et fera ses débuts sur la scène en 1931 dans une pièce de Giono, Le bout de la route. 

Dans un entretien de 1981, Alain Cuny racontera cette période de sa jeunesse : Je voyais de temps à autre Desnos, Vitrac, mais surtout Reverdy, qui était un ami intime. Breton avait pour lui une estime immense. C'est un personnage tout à fait étonnant ; j'ai fait, tout comme lui, des séjours à l'abbaye de Solesmes, chez les bénédictins. Reverdy a eu des " crises " mystiques pendant lesquelles il a écrit des textes aussi beaux que le Gant de crin. Moi aussi, je vivais en cellule avec les moines. Il vivait, lui, avec une femme qui le tyrannisait, mais il était si bon qu'il ne cessait de se reprocher leurs divergences. Il avait, par ailleurs, été le secrétaire de Coco Chanel, qui avait été séduite par son intelligence. C'est lui qui a aidé à la découverte de Picasso, et celui-ci lui en fut toujours reconnaissant. Il l'invitait souvent chez lui. Mais Reverdy était tellement démuni qu'il n'avait parfois pas l'argent du train qui lui aurait permis d'aller chez Picasso, dans le sud de la France. Nous sommes donc devenus amis, il voulait me faire écrire. Et puis, comme il savait ma passion pour la peinture, il m'emmenait chez Picasso, chez Braque. C'est là que j'ai rencontré Nicolas de Staël, ce colosse qui avait une tête de plus que moi. Ce Russe très beau avait une voix de stentor et une sensibilité extraordinaire. Mais, à ce moment-là, j'allais aussi très mal. Je nageais.

On joint une lettre a. s. de Luc Decaunes adressée à Alain Cuny le 26 septembre 1960 : Je viens vous reparler de ce numéro spécial d’« Entretien » consacré à Pierre Reverdy (…) Je souhaite plus que jamais que vous acceptiez d’y participer (…) hommage à celui qui fut votre ami, et au grand poète, dont vous avez si bien dit « Le Cœur dur », ce soir-là, à Montauban (…) Aucun étalage de la vie intime, aucune exploitation de l’anecdote, mais seulement le créateur, l’œuvre, et tout ce qui l’a nourrie, tout ce dont elle fut le fruit secret. Je veux que ce numéro reste aussi fidèle que possible à l’idée que Pierre Reverdy se faisait de lui-même, de sa vie, de sa poésie (…)

Couverture un peu défraîchie, le reste parfait.