Librairie Pierre Saunier

L'OrdinationL'Ordination L'OrdinationL'Ordination

Benda (Julien).
L'Ordination.

Paris, Cahier de la Quinzaine, 1911 ; in-12, broché. 93 pp.

350 €

Édition originale.

Envoi a. s. : au comte Robert de Montesquiou, hommage de l'auteur. Julien Benda.

Est-jointe une belle lettre a. s. de Benda à Montesquiou (4 pp. in-12) datée du 24 février 1913 :

Je vous remercie vivement de l'importante lettre par laquelle vous voulez bien répondre à mon envoi. Et tout d'abord je me rejouis que cet envoi ait dissipé en vous la croyance que notre première rencontre dût être sans lendemain, croyance fondée sur un malentendu dont j'espère avoir bientôt l'occasion de m'expliquer (...) Rappelant le passage où mon héros revoit passer l'abandonnée et songe qu'elle devra "rapprendre la solitude du cœur", vous m'assurez que vous, , qui avez connu cette rééducation là dans l'ordre de l'amitié, savez ce qu'il en coûte... Souffrez que l'artiste (race cruelle, n'est-ce pas ?) se réjouisse d'avoir trouvé une formule dont votre délicate sensibilité veut bien mesurer la justesse. Vos compliments sur la vérité de ma "présidente" me touchent infiniment, venant d'un esprit si particulièrement observateur de prétention littéraire, spécialement féminine. (...) Pour ce qui est de Bergson, laissez moi vous féliciter du passage où vous devinez en lui un "Rostand de la philosophie" : si l'examen des systèmes n'a point sollicité votre application, je vois que par contre, Monsieur, la mise en place des philosophes vous appartient en toute maîtrise. Enfin vous voulez bien me faire connaître d'avoir goûté quelque plaisir à constater que certaines de mes réflexions - lesquelles ne vous semblent pas les moins heureuse - avaient déjà visité votre esprit ; et à constater aussi que certains des objets notoires par moi désignés devaient à votre plume la plus grande part de la lumière qui les entoure. Croyez, Monsieur, que je ne laisse pas d'être fier d'avoir provoqué une vôtre "vanité" qui certainement entend choisir parmi les mille occasions qu'elle trouve chaque jour de s'exercer (...)