Édition originale.
Le maître-livre d’Alfred Jarry.
Un des 20 exemplaires réimposés in-octavo sur papier vélin à la cuve des Manufactures d’Arches, réservé pour les XX - seul tirage de tête avec les 5 Hollande in-12 du tirage en librairie.
Deux couvertures : l’une de papier jaune habituel à Charpentier, l’autre de papier ramagé de chrysanthèmes blancs cérulescents avec leurs feuillages virido-merdescents, sur fond jaune.
Terminée en 1898, le « roman » fut proposé deux fois à la publication par Jarry, sans succès. Père Vallette ne fit l'aumône d'insérer dans son Mercure de France (mai 98) que seize chapitres sur les quarante-et-un que compte l'ouvrage - il n'en voulut point autrement.
Jarry mit en réserve son « roman néo-scientifique », à la fois sans doute par nécessité et pour se conformer à la note que portait comme explicit son manuscrit (celui détenu par Louis Lormel - n°1, Cahier Expojarrysition, Collège de 'Pataphysique) :
Ce livre ne sera publié intégralement que quand l’auteur aura acquis assez d’expérience pour en savourer toutes les beautés.
C’est au Docteur Saltas et à Gaston Danville que revint le privilège d’en établir la première édition – Guillaume Apollinaire sera le seul à saluer son apparition posthume, la plus importante publication de 1911. Sans conteste.
Quand Vincent van Gogh eut déluté son creuset, et refroidi la masse en bon état de la vraie pierre philosophale, et qu'au contact de la merveille faite, ce premier jour du monde, réelle, toutes choses se transmutèrent au métal-roi, l'artisan du grand-œuvre se contenta de traire de l'utilité de ses doigts la somptuosité pointue de sa barbe lumineuse, et dit :
Que c'est beau le jaune !
Magnifique exemplaire dans une belle reliure vénénulescente d'Alidor Goy.