Librairie Pierre Saunier

Critique d’Avant-GardeCritique d’Avant-Garde Critique d’Avant-GardeCritique d’Avant-Garde Critique d’Avant-GardeCritique d’Avant-Garde

Duret (Théodore).
Critique d’Avant-Garde.

Paris, Charpentier & Cie, 1885 ; in-12, bradel demi-percaline taupe, non rogné, couverture conservée (reliure d'époque). 378 pp.

Livre vendu

Édition en grande partie originale – incontournable.

Dédié à la mémoire d’Édouard Manet, Critique d’avant-garde réunit divers écrits dont le Salon de 1870, Les Peintres impressionnistes en mai 1878, la préface du catalogue des œuvres de Claude Monet (juin 1880), la préface du catalogue des œuvres de Renoir exposées par Durand-Ruel (avril 1882), la préface du catalogue de la vente Manet (février 1884), l’Art japonais (1884) et, Hokousaï, les livres japonais illustrés (Gazette des Beaux-Arts, août et octobre 1882), James Whistler (idem, avril 1881), Sir Joshua Reynolds et Gainsborough (idem, avril 1884), Richard Wagner aux concerts populaires (1869), Arthur Schopenhauer (1878), Herbert Spencer et la philosophie de l’évolution (1877).

C’est autant de titres de noblesse que les feuillets de ce volume lui écrira Mallarmé.

Irremplaçable témoin de l’époque impressionniste – il en deviendra le principal historiographe – Duret, publiciste de talent, fut un critique admirablement lucide, très apprécié. On lui prête un coup d’œil infaillible pour discerner d’emblée les talents originaux, les valeurs de l’avenir, en musique comme en peinture. Un de ses crédos : les novateurs ont toujours été ridiculisés.

Héritier des Cognacs Duret & Cie, il est également un collectionneur avisé et fortuné. Il achète beaucoup, souvent directement aux artistes avec lesquels il noue des relations d’amitié, jouant parfois les intermédiaires commerciaux, leur venant régulièrement en aide – Pissarro, Sisley, Monet ou Renoir ont pu compter sur sa Phynance.

Il est aussi l’intime de Manet qu’il a rencontré fortuitement en 1865, à Madrid. Celui-ci en fera son exécuteur testamentaire, sans lui tenir rigueur de ses premières lignes de critique un peu maladroites : Manet se condamne à rester fort en dessous de ce qu’il pourrait être en peignant d’une manière trop rapide et trop hâtive. Duret dut lui promettre d’abandonner le cognac et de financer un journal républicain, La Tribune française, pour y recueillir Zola, Pelletan et Jules Ferry (1868).

Duret se lance d’ailleurs en politique, sans obtenir de succès, jusqu’à la Commune qui l’adjoint à la mairie du IXe. Inquiété par la vindicte versaillaise, il s’exile, non à Londres, mais en Asie d’où il rapporte des merveilles et des estampes qu’Edmond de Goncourt et Philippe Burty viennent envieusement admirer à son retour, en 1872.

Son premier compte rendu de Salon date de 1870 : il y attaque Cabanel, défend Manet, Pissarro, Degas et donne clairement les premières définitions de l’impressionnisme – article paru dans L’Électeur libre, repris en volume dans Critique d’Avant-garde.

Mais c’est surtout avec Les Peintres impressionnistes de mai 1878 – les voilà nommés, ces peintres, à l’époque où Zola s’obstine encore à les qualifier de “naturalistes” – que Duret va synthétiser et cristalliser ce mouvement pictural, reprenant, augmentant et développant sa brochure dans de multiples éditions, toujours luxueusement enrichies de gravures, qu’il publie jusqu’à sa mort en 1927.

Couverture un peu fanée.