Édition originale de cette petite tragédie composée par Ambroise Vollard pour célébrer le Père Ubu et Alfred Jarry – illustrée d'une vignette et d'un dessin de Pierre Bonnard
Non mise dans le commerce, elle fut tirée à 300 exemplaires (250 vergé d'Arches, 50 Japon).
Exemplaire sur Arches comportant cet envoi a. s. : à Madame Edwards, hommage de l’auteur, Ambroise Vollard
Il s’agit de Maria Godebska (1872-1950), dite Misia, pianiste française d’origine polonaise qui fut la muse et la mécène de nombreux peintres, poètes et musiciens de la fin et du début des siècles passés – son père Cyprien Godebski sculpta, en 1874, le tombeau de Théophile Gautier du cimetière Montmartre. A 15 ans, en 1893, elle épouse Thadée Natanson, cofondateur et codirecteur avec ses deux frères de La revue blanche – le couple prend ses quartiers d’été à Valvins dans une maison mitoyenne de celle des Mallarmé. Misia aime jouer pour le poète qui en retour lui compose un éventail pour les jours de chaleur : Aile que du papier reploie / Bats toute si t’initia / Naguère à l’orage et à la joie / De son piano, Misia.
A Paris, elle s’investit activement au lancement de La revue blanche, devenant le modèle des célèbres affiches dessinées par Pierre Bonnard et Toulouse Lautrec – égérie de la revue, les jeunes nabis Vuillard, Ker-Roussel ou Maurice Denis, rivalisent pour peindre son portrait. Toute l’équipe de La blanche fréquente assidûment le Salon parisien des Natanson, comme Alfred Jarry devenu un intime du couple.
Après son divorce en 1905, Misia épousa Alfred Edwards, richissime patron de presse et fondateur du Matin qui fit d’elle l’une des reines de la Folle Époque sinon la Reine de Paris. Las, en 1920, ce dernier s'étant amouraché d'une demi-mondaine, Misia divorçait à nouveau et épousait en troisièmes noces le peintre catalan José Maria Sert.
Établie avec un goût sûr à l'époque mais non signée, cette élégante et admirable reliure – d’un chic absolu – aurait pu être conçue par Pierre Legrain.