Édition originale.
Envoi a. s. : A mon ami Fantin, Duranty
Grâce à Zola, qui appréciait particulièrement le roman, les Combats de Françoise d’Hérilieu eurent les faveurs d’un feuilleton dans L’Evènement illustré, d’avril à juillet 1868, mais seulement pour le service provincial. Lorsqu’il parut en librairie cinq ans plus tard, après que Duranty ait modifié le patronyme de son héroïne, Zola, à nouveau, donnait à son auteur un vigoureux coup d’épaule publiant un long dithyrambe à la proue du Corsaire de décembre 1873 – animé de la même fougue que lorsqu’il s’était agi de défendre Manet et sans manquer, bien sûr, d’installer un peu brusquement Duranty sous la bannière de son cher naturalisme. En ouvrant le volume, on pouvait sentir l’odeur âpre de la ménagerie humaine, la bête à deux pieds sale et ordurière, puant les mauvaises mœurs, les appétits outrés et digestions manquées.
La joie féroce de Zola ne réussit pas pour autant à secouer l’indifférence du public. Ce fut encore une défaite que ce livre et définitive cette fois : Duranty ne parvint plus à glisser, et de loin en loin, que quinze récits, réduits aux proportions de la nouvelle (Jules Christophe, La Revue indépendante, avril 1885). Reste que Les Combats de Françoise du Quesnoy demeure un grand roman, percutant et rondement mené, toujours aussi injustement méconnu, au même titre que Les malheurs d’Henriette Gérard que Baudelaire admirait tant.
Fantin-Latour est, avec Degas, l’un des amis intimes de Duranty. L’écrivain figure dans l’Hommage à Delacroix et dans Le Toast (appelé aussi Hommage à la Vérité), que le peintre détruisit après l’avoir présenté au Salon de 1865. Duranty apprécie particulièrement sa peinture qu’il ne cesse de défendre. L’artiste figure d’ailleurs en bonne place dans La Nouvelle Peinture (1876), parmi les chercheurs, hardis et convaincus : un troisième s’est créé un pinceau harmonieux, discrètement riche, absolument personnel, est devenu le plus merveilleux peintre de fleurs de l’époque et a réuni, dans de bien curieuses séries, les figures d’artistes et de littérateurs nos contemporains, s’annonçant comme un étonnant peintre de personnages, comme on le verra encore mieux dans l’avenir.
Lors de la vente organisée par Degas en janvier 1881 pour soutenir la veuve de Duranty, Fantin eut le geste large. Outre les deux tableaux de fleurs que l’écrivain appréciait tant, il se dessaisit d’un nombre important d’œuvres lui appartenant : un Corot, un Millet, des eaux-fortes d’Edwards, de Jacquemart, de Seymour Haden et trente-deux dessins acquis à la vente Riesener. Si c’était à moi à vous remercier, je ne sais comment je le ferais lui répondit Degas.
Bel exemplaire.