Première traduction intégrale – édition originale française – du célèbre Travels with a Donkey paru à Londres en 1879.
Elle est rarissime.
En français, le livre de Stevenson fit l’objet d’une publication partielle en 1901 dans le Bulletin illustré du Club Cévenol (collection Mémoires du Club Cévenol, publication trimestrielle à caractère local consultable sur Gallica) : Voyage à Travers les Cévennes avec un âne. Par A. (sic) Stevenson. Adaptation française par A. Moulharac. Il ne s’agit pas de la traduction de l’œuvre de Stevenson mais d’un résumé en français du périple que l’écrivain écossais effectua dans les Cévennes à l’automne 1878, privilégiant le factuel et le folklorique – en comparaison avec la traduction de Jane Adams Mulholland de 1910 (151 pages sans la préface, 4983 lignes) le texte cévenol de Moulharac est réduit à un tiers (41 pages sans les illustrations et publicités, 1927 lignes). Surtout, le récit est passé à la troisième personne (Stevenson par-ci, Stevenson par-là, notre anglais a dit, notre voyageur a fait) ce qui autorise les digressions et les commentaires exogènes dont le texte est parsemé … Le Club Cévenol envisageait-il déjà de donner des balises à un futur sentier de grande randonnée ? Ce qui finit par advenir.
Un résumé c’est aussi une réduction : dans cette adaptation cévenolesque il n’y a qu’un voyage possible, ce qui est loin d’être le cas du livre de Stevenson – d’ailleurs le mot anglais du titre n’est-il pas au pluriel ? De la merveilleuse nuit sous la voûte étoilée de cet admirable Travels with a Donkey, il ne reste que la menue monnaie jetée dans l’herbe … toute poésie s’en est allée.
C’est pourquoi on s’autorise, sans hésitation, à qualifier la traduction de Madame Jane Adams Mulholland de véritable « édition originale française ». Il est vrai qu’il faut voir et sentir comme lui ; ce qui n’est pas une condition facile à remplir – écrit-elle en préambule. La vivacité et l’originalité de sa vision, la fraîcheur de son impression, la sincérité de son sentiment, l’émotion communicative et l’abandon d’intimité avec lesquels il livre et ouvre son âme au lecteur, voilà ce qui n’appartient qu’à Stevenson et ce par quoi il décourage l’imitation … (et l’adaptation, histoire d’enfoncer le clou).
Étonnamment, cette publication demeure sous les radars : elle est absente du catalogue général de la BNF, des bibliographies internationales comme des répertoires de ventes et c’est l’édition Delamain & Boutelleau de 1925 (traduction de F. W. Laparra) qui passe (toujours) pour la première traduction du livre de Stevenson. Autant dire qu’elle est vraiment très rare – d’ailleurs, comme la bête du Gévaudan, nous ne l’avions encore jamais vu.
C’est fait … Ouah !