Édition originale.
Un des 10 exemplaires numérotés sur Hollande, seul grand papier.
Né en 1861, à Chaumont, Desprez était le fils d’un professeur du lycée où il fit ses études. Il y connut Henry Fèvre, un peu plus jeune que lui. Ils débutèrent ensemble dans les lettres et la collaboration par un volume de poésies intitulé La Locomotive, et bientôt après, ils présentèrent à Kistemaeckers, l’éditeur des naturalistes en Belgique, un roman sans fard, intitulé Autour d’un clocher (sur le site). Ce fut un fameux pavé dans la mare jeté au mois d’octobre 1883. (…) Le parquet de la Seine poursuivit le livre pour outrages aux bonnes mœurs, et un arrêt de la Cour d’appel de Paris du 29 août 1884, renvoya devant la cour d’assises l’éditeur Kistemaeckers et Louis Desprez, Henry Fèvre, mineur, étant mis hors de cause. Desprez fut condamné à un mois de prison. Il contracta à Sainte-Pélagie une phtisie qui l’emporta. Il avait vingt-quatre ans (…) Ce fut, dans la littérature, une explosion de colère. Émile Zola publia dans Le Figaro un véhément article …, raconta la visite que Daudet et lui avaient rendue au prisonnier « effaré, hâve, ses cheveux rouges dressés sur son front livide, un pauvre être déjeté par une maladie des os de la hanche qui avait martyrisé sa jeunesse … Mais dans ce corps chétif d’infirme brûlait une foi ardente. » C’était vrai. La même impression se dégage des notes prises par Goncourt dans son journal et d’un article de Maurice Barrès, qui, dans la Revue contemporaine, disait leur fait aux misérables coupables d’avoir assassiné cet enfant… Et je me souviens moi-même de nos conversations chez moi ou chez lui. Il était déjà dévoré de tuberculose et de littérature. Il annonçait dans son volume de critiques, l’Évolution naturaliste, une pénétration remarquable et la plus belle indépendance d’idées et de caractère. (Lucien Descaves)
Bel exemplaire.