Librairie Pierre Saunier

Marie-Claire. Roman. Préface d’Octave MirbeauMarie-Claire. Roman. Préface d’Octave Mirbeau Marie-Claire. Roman. Préface d’Octave MirbeauMarie-Claire. Roman. Préface d’Octave Mirbeau Marie-Claire. Roman. Préface d’Octave MirbeauMarie-Claire. Roman. Préface d’Octave Mirbeau Marie-Claire. Roman. Préface d’Octave MirbeauMarie-Claire. Roman. Préface d’Octave Mirbeau Marie-Claire. Roman. Préface d’Octave MirbeauMarie-Claire. Roman. Préface d’Octave Mirbeau Marie-Claire. Roman. Préface d’Octave MirbeauMarie-Claire. Roman. Préface d’Octave Mirbeau

Audoux (Marguerite).
Marie-Claire. Roman. Préface d’Octave Mirbeau.

Paris, Bibliothèque Charpentier, Eugène Fasquelle éditeur, 1910 ; in-12, bradel vélin ivoire à recouvrements, attaches en ruban de vélin apparentes, gardes papier maître relieur vert, tête dorée, témoins et couverture conservés (reliure d'époque). X & 261 pp.

3 500 €

Édition originale du premier livre de l’auteur.

Exemplaire sur papier de Hollande imprimé spécialement pour M. Francis Jourdain – en plus des dix exemplaires du tirage de tête numérotés sur ce même papier.

Il est enrichi de ce magistral envoi a. s. au même :

Si Marie-Claire est maintenant habillée de ce beau papier de Hollande c’est parce que tu l’a (sic) portée un jour chez Octave Mirbeau. / A toi mon cher Francis et à Agathe ma bien vive affection. Marguerite Audoux

Cet admirable « roman » autobiographique en enthousiasma plus d’un avant même d’être imprimé : les Michel Yell, l’amant de Marguerite Audoux, Marcel Ray, Charles Chanvin, Léon-Paul Fargue, Régis Gignoux, Francis Jourdain et son épouse Agathe (styliste en vêtements), Léon Werth, Charles-Louis Philippe et sa compagne Émilie Millerand (blanchisseuse) – ceux-là qui formaient alors la petite communauté fraternelle se retrouvant, chaque dimanche depuis 1904, dans une maison louée en commun à Carnetin, village perché sur les coteaux de la vallée de la Marne à une soixantaine de kilomètres de la vie parisienne. Ainsi avait-on découvert que Marguerite Audoux, couturière, écrivait à ses moments perdus et que ça en valait la peine. Charles-Louis Philippe reprisa quelque peu l’orthographe du manuscrit de Marie-Claire et Valery Larbaud, qui venait de rejoindre la petite bande, en établit une belle copie, copie que Francis Jourdain, un soir de décembre 1909, alla porter à Octave Mirbeau – le seul homme, selon lui, capable de s’emballer pour une œuvre et de l’imposer.

Dès lors, tout s’était déroulé très vite : après une nuit de lecture enthousiaste, Mirbeau était conquis et battait le rappel parmi ses connaissances pour publier Marie-Claireun authentique chef-d’œuvre comme il le déclara le lendemain à Francis Jourdain en le remerciant de l’avoir tiré d’une crise de neurasthénie qui l’affligeait. Le livre parut le 4 novembre 1910 et devint la nouvelle grande affaire de Mirbeau dans l’attribution prochaine du prix Goncourt. Membre influent de l’académie, Mirbeau se dépensa sans compter, écrivant à chacun de ses pairs : je vous recommande instamment Marguerite Audoux. Lisez son livre. Et vous sentirez comme moi qu’il serait absolument scandaleux que cette œuvre admirable, où, vraiment, je reconnais l’art suprême, n’eut pas le prix (…) quel est, parmi nos écrivains – et je parle des plus glorieux – celui qui eût pu écrire un tel livre, avec cette mesure impeccable, cette pureté et cette grandeur rayonnantes ?

Las, peu avant l’attribution du Goncourt, Marie-Claire obtenait le prix Femina, coupant l’herbe sous le pied de notre académicien. Le Goncourt fut décerné à De Goupil à Margot de Louis Pergaud, le candidat de Descaves à l’académie. 

Bel exemplaire, joliment établi dans le style des reliures de Paul Vié – d’une provenance presque inestimable…