Édition originale tirée à 550 exemplaires numérotés sur vélin.
Montés en tête de l'ouvrage une lettre a. s. (4 pp. in-12) de Féli Gautier (alors éditeur et biographe de Baudelaire) à Jean-Aubry accompagnée d'un dessin original au crayon de la maison de Baudelaire à Honfleur (carte 116 x 76 mm) – enveloppe oblitérée au 23 septembre 1913 conservée :
(…) ainsi que je le disais dans l'agréable entretien que j'ai eu avec vous ces derniers temps, la villa Baudelaire n'était qu'une simple construction d'un étage mansardé. Sur son côté Est, il y avait une véranda que j'ai essayé d'indiquer dans le croquis ci inclus. La maison n'avait donc de charmes que par la beauté du site. C'est à cause de cela que mon ami Alphonse Allais l'avait habité (en 1898) pendant plusieurs années. Ses parents demeuraient en face, de l'autre côté de la rue. Je suis porté à croire que c'est sous Mr Bahin que la plaque commémorative a été placée au-dessus de la modeste porte en bordure de la rue. J'ai un vague souvenir de Mr Dascher qui venait vivre de ses rentes. Mme Poplu, sa fille, était la femme d'un directeur d'école communale de Caen. Depuis la vente de leurs biens à l'hospice de la ville, nous n'avons plus entendu parler d'eux. M. Bahin resta à Honfleur toute sa vie, mais comme il était atteint d'une maladie de la vessie, c'est dans une clinique qu'il a dû mourir et à Paris, si j'ai bonne mémoire. Il quitta le collège en 1873, c'est donc à partir de cette date qu'il prit le titre de Principal honoraire (...) La suite de la lettre concerne le peintre Eugène Boudin, natif de Honfleur.
Le dessin original au crayon (sur carte 116 x 76 mm) représente la façade de la maison de Baudelaire à Honfleur – c’est un croquis très précieux car la maison fut détruite en 1901.
Située sur la falaise qui domine le port d’Honfleur, la « maison-joujou » comme l’appelait Baudelaire, fut achetée par son beau-père, le général Aupick, en mars 1855. Elle fut le séjour favori du général jusqu’à sa mort, en avril 1856. Mme Aupick s’y retira et y mourut en août 1871. La « maison-joujou » fut un des lieux privilégiés de Baudelaire : s’y installer pour se retirer du monde et y travailler restait un de ses rêves les plus chers (Pichois & Ziegler, pp. 383-385), ce qu’il fit durant plusieurs séjours qui correspondent à une étonnante période de fécondité, entre 1859 et 1861, occupant deux pièces mansardées, une chambre et un bureau, situées au deuxième étage. La fenêtre du cabinet de travail orientée au nord, visible sur une des photographies, donnait sur le port et l’estuaire – une vue exceptionnelle. Le poète du Spleen de Paris pouvait y contempler à loisir l’ampleur du ciel, l’architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares et les formes élancées des navires, au gréement compliqué, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses…
Les légataires de Mme Aupick vendirent la maison en 1871. Alphonse Allais l’occupa de 1898 à 1900 comme locataire. En 1901 elle fut vendue à l’hospice civil de Honfleur qui la fit démolir pour construire un bâtiment plus important.
Document exceptionnel.