Librairie Pierre Saunier

Journal d’un curé de campagneJournal d’un curé de campagne Journal d’un curé de campagneJournal d’un curé de campagne Journal d’un curé de campagneJournal d’un curé de campagne

Bernanos (Georges).
Journal d’un curé de campagne.

Paris, Librairie Plon, s.d. ; in-12, bradel demi-percaline vert d’eau à coins, tête or, non rogné, couverture et dos conservés (reliure postérieure). 366 pp.

1 500 €

Édition originale.

Bel envoi a. s. : pour le R. Père de Tonquédec, (vous verrez que je n’ai pas oublié votre lettre, et que loin de m’offenser, elle a inspiré quelques pages de ce livre, que vous reconnaitrez bien) en très profonde et respectueuse sympathie, Georges Bernanos

Le révérend père Joseph de Tonquédec (1868-1962), jésuite et intellectuel accompli, diplômé en lettres classiques, auteur de nombreux ouvrages de philosophie spéculative (il suivit les cours d’Henri Bergson au Collège de France en 1906 et 1907), s’intéressait aux domaines du merveilleux et du miracle ce qui lui valut la charge d’exorciste officiel du diocèse de Paris de 1918 à sa mort.

Le 25 juillet 1926, il publiait dans Le Correspondant (revue mensuelle de religion, de philosophie et de politique) une pertinente étude : « Autour du Soleil de Satan, essai de critique théologique » qui légitimait, entre autres choses, l’emploi du préternaturel diabolique par Bernanos. (…) les illusions de l'abbé Donissan procèdent d'un mystérieux illusionniste : Satan est l'un des personnages du roman. D'autres admireront l'habileté, le tact, le flair avec lesquels Bernanos a manié une donnée si dangereuse ; comment, sans la vider de sa valeur, il la laisse flotter aux limites de la réalité et du rêve, c'est-à-dire précisément là où on la rencontre souvent dans la pratique de sorte que le héros peut se demander, comme il arrive en effet à ses pareils, si vraiment il a vu et senti, ou s'il n'a pas été abusé par quelque image intérieure (…) Ou de conclure plus loin : Ces pièces-là, profondément fouillées par la forte main de Bernanos, pareilles à certaines sculptures tourmentées et douloureuses du Moyen-Age finissant, produisent sur nous une impression inoubliable. Qu'avec cela, l'ensemble du livre garde un aspect trouble, incertain, pénible, je le veux bien mais cela suffit pour assurer au jeune romancier la gloire d'avoir ouvert, hardiment, impétueusement, une voie nouvelle, attaqué de front et partiellement enlevé des positions ardues – des cimes, – que bien peu avant lui avaient tenté d'escalader.

Les premiers feuillets fragiles, bel exemplaire cependant.