Librairie Pierre Saunier

La Proie et l’OmbreLa Proie et l’Ombre La Proie et l’OmbreLa Proie et l’Ombre

Roux (Marius).
La Proie et l’Ombre.

Paris, Dentu, 1878 ; in-12, demi-chagrin rouge, dos à nerfs orné, chiffre R. E. (titré : la proie et l’hombre), tranches mouchetées (reliure d'époque). 352 pp.

500 €

Année de l'originale, mention de Deuxième édition - mais vu la rareté du livre (d'ailleurs il manque à la B. N. F) on peut vraiment douter de cette mention.

Singulier roman sur les débuts d’un jeune peintre, partagé entre des ambitions d’art inabouties, une maîtresse embarrassante et de très puissantes aspirations bourgeoises.

La trame n’est pas sans rappeler celle de Manette Salomon : Germain Rambert, qui signe ses toiles Germanicus Rambërr, n’a pas plus de force de caractère que le Coriolis du roman des Goncourt, ce qui ne l’empêche pas, contrairement à ce dernier, d’abandonner femme et enfant, et de trahir ses idéaux comme tous ses amis artistes – les Impressionnistes, comme ils se nomment eux-mêmes page 78. Le roman se déroule d’ailleurs à la veille de l’ouverture du Salon pour lequel chaque année se pose et se repose l’éternelle question : y être ou ne pas y être.

Marius Roux a dépeint quelques-unes de ces réunions informelles de brasserie où, pour se soustraire aux continuels refus du Salon, de jeunes artistes créent la Société de l’Art libre, équivalent romanesque de la Société coopérative d’artistes peintres qu’Astruc, Monet, Pissarro, Degas, Renoir et d’autres créèrent en décembre 1873. Reste que certaines pages du roman ne sont guère flatteuses pour la jeune avant-garde, décrivant plutôt un groupe d’incapables et de bons à rien, oisifs et perfides, qui ne demandent qu’à s’abuser les uns les autres.

Dans une lettre à Marius Roux, Mallarmé, après ses coutumières lignes laudatives, s’en émut : vous devinez que je vous en veux un peu de n’avoir pas cherché en dehors des Impressionnistes, (dont quelques-uns sont des êtres miraculeusement doués et ayant trouvé leur voie tardivement à travers maints travaux), une bande à part extravagante et sotte, comme celle que vous décrivez : pourquoi cela ?

Ami d’enfance de Zola, de Cézanne et du sculpteur Solari, Marius Roux fit partie du groupe de jeunes aixois venus tenter leur chance à Paris à la fin des années 1860. Correspondant du Mémorial d’Aix, il y publia les premiers articles favorables à Cézanne et à Zola. En 1867 Roux s’associe avec Zola pour une pièce tirée des Mystères de Marseille et tente avec lui, après la guerre de 70, de lancer dans la capitale provençale un quotidien, La Marseillaise

Un petit manque de papier en haut du faux-titre.