Librairie Pierre Saunier

Les Poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française depuis les origines jusqu’à nos jours. Avec une notice sur chaque poëte par MM. Charles Asselineau – Charles Baudelaire, etc..Les Poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française depuis les origines jusqu’à nos jours. Avec une notice sur chaque poëte par MM. Charles Asselineau – Charles Baudelaire, etc.. Les Poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française depuis les origines jusqu’à nos jours. Avec une notice sur chaque poëte par MM. Charles Asselineau – Charles Baudelaire, etc..Les Poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française depuis les origines jusqu’à nos jours. Avec une notice sur chaque poëte par MM. Charles Asselineau – Charles Baudelaire, etc..

Baudelaire (Charles).
Les Poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française depuis les origines jusqu’à nos jours. Avec une notice sur chaque poëte par MM. Charles Asselineau – Charles Baudelaire, etc... Publié sous la direction de M. Eugène Crépet.

Paris, Gide & Hachette, 1861 - 1862 ; 4 volumes in-8, demi-chagrin rouge, dos à nerfs ornés, caissons à froid, caissons et filets dorés, tranches jaspées (reliure d'époque). Fx-titre, titre, XXXIX pp., 682 pp. / fx-titre, titre, 779 pp. / fx-titre, titre, 637 pp. / fx-titre, titre, 763 pp.

1 873 €

Édition originale.

Publiée avec une notice sur chaque poëte par MM. Charles Asselineau – Hippolyte Babou – Charles Baudelaire – Théodore de Banville – Philoxène Boyer – Charles d’Héricault – Édouard Fournier – Théophile Gautier – Jules Janin – Pierre Malitourne – Louis Moland – A. de Montaiglon – Jean Morel – Léon de Wailly, etc.

Elle est précédé d’une introduction par M. de Sainte-Beuve.

Réservée à un public de lettrés déjà formés par l’étude et par le goût, déjà initiés à la vie et à l’art, l’anthologie qu’Eugène Crépet publie sur son initiative et à ses frais, a le dessein de mettre en avant, par une traversée complète des siècles, tout ce que la poésie française a produit de plus sensible et de plus significatif depuis le moyen âge jusqu’au second Empire – la fleur de plus de mille volumes –, sans sacrifier les auteurs choisis, ni mutiler ou accommoder les œuvres pour de basses questions d’utilité et d’innocuité spécifiques aux besoins d’éducation des jeunes générations – les écoliers – à qui, d’ordinaire, pareil ouvrage est destiné.

Asselineau, Baudelaire et Philoxène Boyer comptent parmi les premiers collaborateurs qui œuvrent dès 1859 à l’édification de cette ambitieuse entreprise. Ils dressent une liste préparatoire pour le seizième, le dix-septième, le dix-huitième et le dix-neuvième siècle. Crépet réserve sa décision sur les poètes proposés, ainsi refuse-t-il par exemple, d’admettre Pétrus Borel que Baudelaire tente de lui imposer, ou persiste à accueillir, malgré l’avis de ce dernier, Auguste Barbier ou Hégésippe Moreau.

Concernant la rédaction des notices, Crépet précise dans son introduction s’être assuré le concours de tous les éminents écrivains qui depuis trente ans ont fait, au point de vue du goût, l’éducation de ce public lettré, qu’il aspire tant à toucher. En fait d’éminents écrivains, au regard des 26 signataires des notices que comporte l’ouvrage, on ne peut en retenir qu’un nombre restreint, sans même pouvoir, pour quelques-uns de ce nombre, les créditer d’une réelle influence. D’ailleurs, les éminences se comptent sur les doigts d’une main : Banville, Barbey, Baudelaire, Gautier, Janin. Loin d’être éminents, Barbet Massin, Henri Derville, Abel Jeandet, Paul Juillerat, Eugène Noël sont quasiment inconnus.

En revanche, on distinguera le rôle prépondérant et la place éminente qu’occupe Charles Baudelaire – ce qu’a parfaitement mis en évidence Claude Pichois  : Baudelaire a la plus belle part : il a écrit sept notices, dont cinq sur les plus grands poètes du temps : Hugo, Gautier, Banville, Leconte de Lisle, Marceline. Sa propre notice est due à Théophile Gautier. Si Banville a écrit six notices, il n’a eu dans son lot que deux grands poètes : Ronsard et La Fontaine. Des vingt-deux collaborateurs – médiévistes et seiziémistes exceptés – la moitié appartient aux relations de Baudelaire ; certains sont même ou ont été ses amis : Asselineau, Gautier, Babou, Boyer, Jean Morel (le directeur de la Revue française) ; sans compter les auteurs publiés chez Poulet-Malassis. Pour calculer autrement, sur cent cinquante-sept notices relatives à la littérature moderne et contemporaine, quatre-vingt-cinq ont été rédigés par trois amis de Baudelaire : Asselineau, Babou, Boyer, et trente-huit par des sympathisants, à quoi s’ajoutent les sept notices écrites par lui. Cent trente notices sur cent cinquante-sept appartiennent au milieu baudelairien. Il ne serait donc pas trop aventuré de caractériser cette anthologie comme une entreprise dirigée, depuis les coulisses, par le “ fin manœuvrier ” qu’est Baudelaire (op. cit.).

Précisons que l’argumentation de Claude Pichois ne se limite pas à une seule opération arithmétique, que, faute de place, nous avons dû privilégier  ; le lecteur pourra poursuivre avec intérêt l’étude approfondie du rôle de directeur tenu par Baudelaire et les conflits qui en découlèrent avec Eugène Crépet, dans les Œuvres complètes (Pléiade), et sa biographie de Baudelaire écrite avec Jean Ziegler (Julliard, 1987, pp. 456-468).

Les trois premiers volumes parurent sous la marque du libraire Casimir Gide qui en fut seulement le dépositaire. En mai 1862, Hachette les reprit sur son catalogue et assura sous sa marque l’édition du quatrième tome, également financé par Crépet qui dut engloutir en tout près de 60 000 francs-or. A l’exception du dernier volume concernant les poètes contemporains – volume qui se vendit très bien séparément et bénéficia de retirages successifs à différentes dates –, l’anthologie n’eut pratiquement aucun succès. Ironie du sort, pour finir, un nombre important des trois premiers tomes restants sur le stock des 3 000 exemplaires tirés en 1861, se retrouva entre les mains d’écoliers récompensés pour leur mérite par les collèges et les inspecteurs d’académie.

Bon exemplaire.