Librairie Pierre Saunier

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Poussin (Alfred).
Versiculets. Précédés d'une préface de Jean Richepin.

Paris, Léon Vanier, 1882 ; petit in-12, demi-chagrin bleu nuit à coins, filets dorés, dos à nerfs au chiffre de Jules Vagnais, tête or, non rogné, couverture (reliure d'époque). 72 pp.

850 €

Édition originale du premier et seul livre d'Alfred Poussin, poète, quelques fois représentant en librairie (sa carte de visite) - figure incontournable de la bohême parisienne fin de siècle.

Envoi a. s. : au poëte et ami Jules Vagnais, souvenir bien cordial d'Alf. Poussin. Paris, 12 novembre 1885.

L'exemplaire est enrichi de 5 poèmes autographes inédits d'Alfred Poussin - certains seront repris dans la réédition du voluminet par Alfred Vallette et William Vogt.

Poète maudit, émouvant, sincère ou naïf, Poussin est l’homme d’un seul recueil, parfait reflet de sa vie d’incorrigible bohème, de rêveur incurable et de perpétuel contemplatif. Sur le pécule des amis, les Versiculets eurent quatre éditions successives, toutes remaniées, augmentées ou réduites selon les vicissitudes de sa vie.

Cette première édition parut aux frais d’Ernest d’Orllange et Jean Richepin. Poussin avait rencontré ce dernier en 1870, à la brasserie du Tabourey : auprès de l’auteur des Blasphèmes, il y avait là un groupe de jeunes poètes qui n’étaient alors que de purs bohèmes, Paul Bourget, Maurice Bouchor, Raoul Ponchon parmi bien d’autres, quelquefois Charles Cros et aussi, dans un coin, à l’écart, cet étrange Arthur Rimbaud... Poussin s’immisça le plus simplement du monde parmi eux. Il leur offrit à boire son héritage et la primeur de ses vers qui, aux dires de Richepin, s’ils n’étaient pas dans le goût du jour, n’en étaient pas pour autant quelconques ; sa Jument morte, une élégie de vingt-quatre vers, devait d’ailleurs impressionner les cénacles parisiens, on la lui fit dire et redire dans tous les cafés et toutes les brasseries du quartier Latin avant que la Société protectrice des animaux ne la distingue d’un prix. Sans plus un sou, prisonnier de la rue, Poussin mena une vie d’errance dans la capitale, jusqu’en 1901, année où la phtisie l’emporta.

Ici repose un tout petit poète,

Dont la chanson fut courte mais bien faite

– Pas assez fort pour être haut coté,

Pas assez nul pour qu'on passe à côté.